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LIRE l’ÉTIQUETTE

Pour bien choisir une bouteille, il est nécessaire de comprendre l’étiquette qui l’habille. L’étiquette, c’est le curriculum vitæ d’un vin. Elle fait état de nombreuses informations des plus utiles dont voici une liste non exhaustive. Il est à noter que, selon la législation du pays, certaines mentions sont obligatoires, d’autres pas.

1. Le nom du vin

 
Identifier le nom d’un vin n’est pas toujours aussi facile qu’il ne pourrait le sembler à première vue. En ce domaine, aucune règle universelle ne s’est imposée et de nombreux cas de figure sont possibles. En voici quelques-uns.
 

Nom du producteur                         

C’est le modèle bordelais habituellement pratiqué par les producteurs qui embouteillent eux-mêmes leur vin à la propriété. L’étiquette indique alors en bonne place (en gros caractères) le nom du Château (Margaux), du Domaine (de Trévallon), de la Bodega ou de la Viña (en Espagne) ou du Castel(lo) (en Italie).

Le nom de l’appellation apparaît aussi, mais en plus petits caractères.          

    Ex. : Château Talbot, Saint-Julien.

 

Nom de l’appellation

C’est le modèle bourguignon, également usité dans le Rhône et dans beaucoup de pays européens. Le nom du producteur ou du négociant passe au second plan. L’appellation (Montrachet ou Côte-Rôtie) domine, alors que les noms du producteur (Chartrons et Trébuchet ou Guigal) ou du négociant (Louis Jadot) se font plus discrets.

    Ex. : Gevrey-Chambertin, Faiveley
 

Nom du vignoble

Assez souvent aussi, surtout pour des vins réputés, c’est le nom du vignoble ou d’une parcelle renommée qui prend le plus de place sur l’étiquette (La Mouline en France ou Pian delle Vigne en Italie). Alors, ce sont les noms de l’appellation et du producteur qui sont en retrait.

    Ex. : Pian delle Vigne, Brunello di Montepulciano, Antinori

 

Nom de la marque commerciale    

Pour les vins d’origine inconnue (L’Entre-Côte). Aussi pour les petits vins de certaines appellations génériques (Mouton Cadet dans Bordeaux Supérieur)

    Ex. : Mouton Cadet, Bordeaux Supérieur, Baron Philippe de Rothschild, S.A.
 

Nom du cépage

Le nom du cépage principal dont est fait le vin donne son nom au vin. Le nom du producteur et l’origine géographique du vin ne viennent que compléter l’information. On achète alors un Riesling (d’Alsace produit par Léon Beyer). Ce mode d’identification du vin est dominant en Allemagne et dans tous les pays du Nouveau Monde.

    Ex.: Cabernet Sauvignon, Volcanic Hill, Napa, Diamond Creek Vineyards

 
De fait, deux grandes écoles s’affrontent dans la façon d’identifier les vins.
 

L’école française       

Elle met en évidence le terroir. Les Français achètent d’abord du Pauillac, du Gevrey-Chambertin ou de l’Hermitage, c’est-à-dire des appellations, sans toujours se soucier du cépage ou du nom du producteur, qui font pourtant souvent toute la différence. Ce système s’impose en Europe.

 

L’école américaine  

Elle met surtout en évidence le cépage. Les consommateurs américains achètent du chardonnay, du cabernet sauvignon ou du merlot, sans toujours savoir ou se soucier d’où il vient. Ce système a été adopté par les pays du Nouveau monde, l’Afrique du Sud, l’Australie, le Chili et le Canada.

 

2.  Le nom de l’embouteilleur

 
La mention du nom de l’embouteilleur et son adresse sont partout obligatoires. Cela permet (habituellement) de vérifier si le vin a été embouteillé par celui qui le produit (le vigneron), par un négociant ou une coopérative reconnue (qui ont assemblé les vins de différents vignerons) ou par une entreprise commerciale (qui n’offre parfois que peu de garanties sur l’origine précise du vin).
 

Quand le vigneron embouteille lui-même son vin sur les lieux mêmes où le vin a été produit, la mention « Mis en bouteille au château (au domaine) » en fait foi. On peut aussi se fier à un vin mis en bouteille par un négociant reconnu, beaucoup moins à une entreprise commerciale. Au Québec, où la SAQ contrôle sévèrement la qualité des vins qu’elle distribue, un vin commercial ne représente aucun danger pour votre santé. On ne peut s’attendre cependant à ce qu’un tel vin soit une grand vin.

 

3.  Le millésime

Le millésime indique l’année de la récolte (des vendanges) et non celle de l’embouteillage. Souvent, le millésime n’est pas indiqué pour les vins commerciaux ou de petite qualité (vins de table), parce que souvent ces vins sont des assemblages de différents millésimes. Pour un vin d’appellation d’origine contrôlée, l’indication du millésime est obligatoire.

 

4. Le type de vin

La couleur du vin, rouge, blanc ou rosé, est souvent indiquée, mais pas toujours. La méthode de vinification l’est beaucoup moins souvent, sauf quand celle-ci sort de l’ordinaire (vin de paille, recioto, rimage etc.). Il en va de même pour la teneur en sucre (vins doux, moelleux ou liquoreux). Quand il achète un sauternes, le consommateur doit savoir que le vin sera doux. L’étiquette ne le précise pas.

 

5.  Le pays de production

Il est toujours indiqué. Sauf pour les vins de table européens. Ces vins doivent cependant tous provenir de vignobles de la Communauté européenne et la mention « Produit de la CE » en fait foi. La France et l’Allemagne produisent aussi des vins de table « nationaux » qui sont identifiés par la mention vin de table français dans un pays et par la mention Deutcher Tafelwein dans l’autre.
 
Le Québec produit très peu de vin. De gros industriels y fabriquent cependant d’énormes quantités d’un ersatz douteux, une mixture faite d’un mélange d’eau, d’alcool et de moûts ou de sirops de provenance inconnue. La législation québécoise oblige l’acheteur à faire preuve de beaucoup de subtilité pour distinguer entre un vin « produit au Québec » et cette potion méphistophélique qui, elle, n’a droit qu’à la mention « produit élaboré au Québec ». Du point de vue sémantique, la nuance entre les deux mentions est fine, mais, pour ce qui est du contenu de la bouteille, la différence est énorme.
 
Au Canada, seuls les Québécois sont donc (faiblement) protégés par le subtil distinguo entre les vins « produits » et les vins « élaborés » au Québec, si le vin en question est embouteillé au Québec. Si le vin est embouteillé dans une autre province canadienne, cette différence n’est pas indiquée à l’acheteur. Celui qui achète du vin canadien au Québec n’est donc pas assuré de la provenance du contenu de la bouteille.
 

Pour ce qui est des vins qui portent les mentions « Product of Canada », « Cellared in Canada » ou « Vinted in Canada », c’est kif-kif. Dans les trois cas, l’acheteur n’est pas vraiment rassuré sur la provenance de ce que contient une bouteille qui porte l’une ou l’autre de ces mentions. C’est que la loi canadienne permet de les utiliser pour tout vin qui contient seulement 25 % de jus ou de raisins canadiens. Cela veut dire qu’un vin qui est fait d’un mélange à 75 % de raisins importés (de Californie par exemple) a tout de même droit à la mention « Produit du (au) Canada », même si le blend en question ne contient qu’un quart de vin canadien.

Heureusement, les Canadians jouissent quand même de la protection de la Vintners Quality Alliance, une association de producteurs (indépendante de l’État) qui n’accorde le droit d’apposer son sceau (VQA) que sur les bouteilles dont le vin qu’elles contiennent provient à 100 % de la province, de la région ou de la zone indiquées sur l’étiquette. Ainsi, un vin VQA qui annonce Ontario doit-il être issu à 100 % de raisins récoltés dans cette province. La même proportion s’applique aux vins qui annoncent Niagara ou le Bench sur leur étiquette.

  

6. Le degré alcoolique

Il faut être attentif au degré alcoolique toujours indiqué sur l’étiquette. La norme, s’il y en a une, est de 12,5 degrés. Si un vin titre moins que cette norme, il risque fort d’être plutôt maigre ou léger. S’il fait entre 13,5 et 15 degrés, il sera vraisemblablement plus corpulent. Certains vins titrent aussi jusqu’à 18 et même 24 degrés. Ce sont habituellement les vins doux naturels (Banyuls) ou les vins vinés (Porto). Un degré alcoolique élevé est nécessaire à l’équilibre des vins moelleux ou liquoreux. Il faut se méfier d’un sauternes qui afficherait un faible 12,5 degrés.

 
Au Québec, les vins vendus dans les épiceries et les dépanneurs, hors du réseau de succursales de la SAQ, titrent habituellement entre 10 et 11,5 degrés, très rarement plus. Ce n’est guère une promesse de qualité. 
 

7.  Le format

Partout dans le monde, même aux États-Unis, le système métrique s’est imposé pour exprimer la quantité de liquide contenu dans une bouteille. Cette mesure est quelque fois indiquée en centilitres (75 cl), mais le plus souvent en millilitres (750 ml).

 
Toutes les bouteilles n’ont cependant pas la même capacité. Le contenant d’un litre tend à disparaître, parce que très souvent le consommateur associe ce format à un vin de petite qualité. Partout s’impose surtout la norme de 750 ml. La demi-bouteille (375 ml) est aussi très populaire et convient bien aux exigences de la vie moderne. Le magnum (1,5 litres), lui, convient bien aux vins à mettre en cave pour une longue période.
 

Certaines bouteilles, le plus souvent de vins blancs doux, sont vendues en format d’un demi-litre (500 ml), c’est souvent pratique pour ces vins dont chaque convive ne prend jamais plus d’un ou deux verres pendant le repas. Il y a aussi le célèbre clavelin de 620 ml de vin jaune, qui est une curiosité, comme il y en a parfois dans le monde du vin.

 

8. La classification

Seuls les pays européens utilisent un véritable système de classification des vins. Dans ces pays, il est toujours obligatoire d’indiquer celle-ci sur l’étiquette. De préférence, l’acheteur recherchera donc un vin d’appellation contrôlée (ou un cru classé) plutôt qu’un vin d’une catégorie inférieure. Dans le Nouveau Monde, la situation est bien différente.
 
Aux États-Unis, l’étiquette donne le nom du producteur. Celui-ci offre habituellement toute une gamme de vins qui sont identifiés, sur l’étiquette, par le nom du cépage dominant (à 85 %), le varietal. Très souvent, c’est ce cépage qui donne alors son nom au vin.
 
Le Chili, l’Australie et la Nouvelle-Zélande utilisent le système américain et indiquent toujours le nom du cépage sur leurs bouteilles. Dans le cas d’assemblages, les Australiens ont l’obligation d’indiquer chacun des cépages, dans l’ordre décroissant. Souvent, la contre-étiquette de ces vins précise même le pourcentage de chacun.
 
Lentement, grâce aux bienfaits du libre échange, le mode européen se fait cependant une petite place dans le système du Nouveau Monde. De plus en plus, la zone de production est indiquée sur les étiquettes. De plus, cette indication géographique se précise de plus en plus. Par exemple, les vins de la vallée de Napa affichent maintenant presque toujours cette origine sur leur étiquette. Mieux, de plus en plus souvent, celle-ci précise même Rutherford ou Stags Leap District. Nous sommes encore loin de la précision de l’étiquette européenne, mais ce modèle fait lentement son chemin.
 

Au Canada, le sceau du Vintners Quality Alliance, le VQA, est une indication fiable de la qualité du produit qui le porte. Au Québec, la SAQ a créé une appellation bidon, dans le seul but d’écouler plus facilement ses vins de dépanneurs. Le VQC (vins de qualité certifiée) ne doit pas être pris au sérieux. Ce n’est qu’une astuce de marketing, et pas des plus brillantes.    

Voir aussi La bouteille et le verre