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Des supertoscans

Une dégustation de supertoscans! C’est une belle occasion de découvrir ces vins italiens très originaux et souvent très savoureux.

Ces vins sont faits en Toscane par des producteurs qui veulent produire un vin de type à la fois italien et de style international. Un vin pour plaire à tout coup. Un vin qui charme dès le premier abord. 

Ces vins sont nés de la volonté de quelques grands producteurs de faire de la qualité, dans une région, le Chianti, où on a fait trop longtemps de la piquette.

Les règles, les coutumes du chianti étaient très strictes, désuètes, on mettait même des cépages blancs dans le rouge. Alors, des producteurs ont voulu faire des vins hors norme, hors règlementations, en utilisant des cépages français, principalement le cabernet sauvignon.

Le premier producteur à agir ainsi fut le marquis Mario Incisa della Rochetta avec son Sassicaia en 1968. Il fut suivit par un autre marquis, Piero Antinori qui commença à produire son fameux Tignanello en 1971. (Voir l’article Supertoscans.)

Supertoscan n’est pas une appellation. Ces vins sont généralement des IGT ou des Doc Bolgheri.

Les cépages utilisés sont le cabernet sauvignon, le merlot, le sangiovese, le cabernet franc et on met de plus en plus de la syrah.

Qui décide qu’un vin est un supertoscan? Tout un chacun. Même des vins d’appellation Chianti, sont dits maintenant supertoscans comme le Giorgio Primo de la maison La Massa.

Certains supertoscans ont atteint des prix très élevés, comme le Massetto et le Solaia, respectivement 349 $ et 199 $ pour le millésime 2001. Il est étonnant de constater la volonté de débourser de certains amateurs, collectionneurs. Les prix ont toutefois baissé dans les millésimes suivants. Est-ce que l’effet de mode est passée? On se rend compte aussi que les plus chers ne sont pas toujours les meilleurs.

Voici donc dans l’ordre de dégustation sept supertoscans goûtés à l’aveugle.

Nearco 2001
Ce vin m’avait énormément plu lors d’une dégustation l’an dernier. Il avait tenu tête aux grands Sassicaia et Tignanello. Il m’a fait un peu moins bonne impression cette fois-ci. Il semblait avoir une petite note de bouchon. Le vin est quand même costaud, les tanins sont riches, le fruité abondant. Corpulent. Il a été jugé moyen par la plupart des sept participants à la dégustation.  46 $. IGT Sant’antimo. Merlot 50 5, cabernet 30 %, syrah 20 %. Col d’Orcia

Tignanello 1997
Un très beau nez de fruit ainsi qu’une note de tabac. Une belle texture, des tanins granuleux. Acidité vive qui accentue l’impression tannique. Certains l’ont trouvé rustique et un dégustateur l’a dit déséquilibré. Le vin semble donc se dessécher. À consommer sans tarder. La moitié des participants l’ont déclaré le moins bon vin de la soirée.
Moins intéressant qu’en mars dernier

Serre Nuove 2003
Un bouquet d’herbes et de fruits compotés. Une note de menthe, de tabac et d’orange. Complexe. En bouche: une texture souple, fine, agréable. Presque de la délicatesse. De la distinction. Une petite note de bois, de caramel en finale. Long.
Ce vin de la maison Ornellaia fut une réelle surprise. 
Doc Bolgheri.
Assemblage: 60% cabernet sauvignon, 30% merlot, 5% cabernet franc, 5% petit verdot.
La composition de ce vin varie énormément d’une année à l’autre. La proportion de cabernet sauvignon peut passer de 35 % à 80 % selon les années. Le 2005 disponible actuellement à 57 $ à la SAQ contient 50 % de merlot. Il est 58 $ en Ontario.
Ce vin a été le deuxième préféré de six des sept dégustateurs.

Tignanello 1994
Le vin est pâle. Discret au début, le vin s’ouvre lentement à l’aération. Une texture fine et délicieuse. Délicat. Trop peut-être? Plus difficile à apprécier. L’attaque est souple, trop. Mais le vin prend toute son ampleur en fin de bouche. Du velours usé. Une belle acidité. Bien âgé. Délicieux avec la rillette de canard et foie gras. 
Un domaine de 47 hectares dans le centre de Chianti.
Sangiovese à 80 %, 15 % cabernet sauvignon et 5 % cabernet franc. IGT de Toscane.
De la maison Antinori. Le 2004 est 99 $ à la SAQ et (90 $ à la LCBO

Vigorello 1999
Le nez de la soirée! On aurait pu passer la soirée le nez dans ce verre au bouquet somptueux, tellement c’est plaisant. Des arômes de bacon, de goudron fin. Un bouquet profond et complexe. On s’attendait à autant en bouche, d’où une certaine déception. L’acidité est très marquée. Le vin semble un peu suret. Les tanins sont à la limite de l’asséchant. La finale un peu amère. Malgré le nez si élégant, le vin laisse la bouche asséchée. Une gorgée c’est beau, l’autre moins bon. J’ai noté; ambigu! A été jugé le vin le moins bon de la soirée par la moitié des participants.  IGT de Toscane. Sangiovese 45 %, cabernet sauvignon 40 % et 15 % merlot. Le producteur San Felice dit que ce fut le précurseur des supertoscans en 1968. En vieillissant, ce qu’on gagne au nez, on l’a perdu en bouche.
Le 2001 est 51 $ à la SAQ.

Guado al Tasso 2000
Le vin de la soirée. Il a fait l’unanimité. Un bouquet brillant, de pain grillé de toast, de truffe et de cèdre. Riche, costaud, complexe, puissant. Des «tanins poudreux» a dit un participant. Chaleureux. Très long. Un vin qui a du caractère. Intense, mais en restant tout de même élégant. Doc superiore Bolgheri.  De la maison Antinori. Cabernet sauvignon 60 %, merlot 30 %, syrah 10 %. Alc. 14 %.

Ce vin se vend de 51 à 124 $CAN en Italie, de 60 $ à 212 $ aux États-Unis, 78 $ au Nouveau-Brunswick, de 68 à 81 $ en Angleterre, 86 $ en Allemagne,  141 $ à Singapour, de 100 à 135 $ en Australie, 227 $ au Brésil. Il n’y en a pas en France.

Le 2003 est 82 $ à la LCBO et 80 $ au Québec. Le producteur a fait un deuxième vin en 2002 et 2005, le Bruciato.

Guado al Tasso 2001
Très ouvert, des arômes de graines de sarrasin, de graines de céleri. Foncé. Un fruité sucré, succulent. Jeune. Costaud. Prévu pour un très bel avenir. Même assemblage que le 2000.  Un domaine de 300 hectares à Maremma en Toscane. 

À partir de 66 $CAN en Italie, Suisse et Angleterre. De 65 à 111 € (95-162 $) en France!

Voir aussi les notes de dégustation d’une verticale de Guado al Tasso.

Une conclusion, je commence à me dire que les supertocans doivent être bus assez jeunes, dans leurs 5-7 premières années. Au-delà, ils semblent décliner rapidement. Ils gagnent en complexité aromatique, mais la texture s’effondre. C’est une simple hypothèse. Il faudra faire beaucoup d’autres expériences de ce genre.

Ce fut donc une dégustation somptueuse. Un plaisir à renouveler régulièrement.

Un gros merci à Marie Blondeau, l’organisatrice de cette belle séance.

Voir d’autres supertoscans à Vin Québec.