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Importations privées

Que sont ces vins dit «d’importation privée»?
Nous allons au restaurant, un vin nous plait. On le prend en note. Puis, on va le lendemain à la SAQ la plus près de chez nous pour acheter ce vin. Quelle déception! On se fait dire que la SAQ ne le vend pas. Le vin est vendu au Québec, mais le monopole ne l’a pas. Alors, on se rend compte que la société d’État n’est pas la seule à vendre du vin dans la province.

En effet, il y a un système de distribution du vin plus ou moins parallèle, qu’on appelle Importation Privée.

Au dernier Salon des vins Montréal, 1000 des 2000 vins présentés étaient justement de ces vins disponibles seulement en importation privée. Ça commence à faire beaucoup.

Pour le moment, ce sont surtout les restaurateurs qui achètent du vin directement de ce réseau. Il y a environ une dizaine de ces agences au Québec.

Des compagnies aussi utilisent aussi ces services pour offrir des cadeaux à leurs employés ou à leurs clients, ou bien pour donner des réceptions.

Comment ça fonctionne?
Il faut contacter directement une agence et commander à la caisse de 12 bouteilles. Il y a quelquefois des vins disponibles en caisses de 6 bouteilles. Les vins sont ensuite livrés à la succursale de la SAQ de votre choix. Les restaurateurs de Montréal et de Québec peuvent se faire livrer les caisses à leurs établissements.

Pourquoi ce système parallèle?
La SAQ demande de plus en plus aux producteurs de vin de fournir de grands efforts de marketing pour écouler leurs produits au Québec. Ce qui fait que très souvent, seuls les grandes entreprises, les grands domaines vinicoles réussissent à faire accepter leurs vins par la SAQ.

Les petits vignerons, souvent des artisans qui n’ont pas les moyens ou pas le désir de dépenser des fortunes en marketing et qui se concentrent plutôt sur la production de leur vin, doivent donc passer par ce réseau parallèle.

Des domaines réputés ont ainsi fait ce choix. L’un des plus réputés producteurs de la région de Bandol, le Domaine Tempier, ne fait plus affaire avec la SAQ. «En fait, l’inertie et les exigences de la SAQ nous avaient poussés à arrêter ce partenariat. Par la suite les conditions ne nous ont pas amenés à revoir notre position, mais nous avons répondu à la demande de gens qui tenaient absolument à avoir notre vin et c’est pourquoi vous n’en trouvez aujourd’hui que sous importation privée. Nos volumes ne sont pas très importants aussi.» Nous dit M. Daniel Ravier du Domaine Tempier. Le vin est toutefois disponible à l’occasion à la LCBO ainsi qu’à Vancouver.

La SAQ peut aussi refuser un vin si elle trouve qu’il y a déjà trop de produits du même genre sur ses tablettes.

La société d’État perçoit toutes ses taxes habituelles sur les vins en importation privée en plus d’une majoration de 10 %.

Les restaurateurs utilisent de plus en plus ce réseau. Ils peuvent ainsi avoir des vins de plus petits producteurs, des vins plus exclusifs, plus rares. Ils se distinguent ainsi. Ils peuvent aussi fixer plus librement le prix de vente de ces vins. Vu qu’ils ne sont pas disponibles à la SAQ, le consommateur n’a pas de repères sur les prix de ces produits.

Enfin, signalons que les deux systèmes ne sont pas étanches. Des producteurs qui connaissent un certain succès en importation privée finissent par faire distribuer leurs produits par le réseau public des succursales de la SAQ.

Il y a quelques semaines, j’ai eu l’occasion de goûter quelques vins d’importation privée distribuées par l’agence de Pierre Birlichi Raisonnance.

Voici quelques notes sur ces vins.

Paul Kubler, Alsace Kintet 2004 19,90 $
Un beau vin alsacien, vivace, frais, sec, bien riche et assez long. C’est un mélange de cépages : 30 % pinot blanc, 30 % sylvaner, 20 % riesling, 15 % pinot gris et 5 % de muscat.

Sylvaner Z Paul Kubler 2004 33,25 $
Un sylvaner de grande classe. Gras, minéral, agréable aux notes d’abricot, rond en bouche, rien ne dépasse. Une finale très longue.

Les Demoiselles de Falfas 2004 22,35 $
Un côtes-de-bourg aux arômes de fraises et de fruits noirs. Une belle attaque, des saveurs d’épices. Merlot et cabernet sauvignon. Le vin est issu de l’agriculture biologique et biodynamique,

Prestige de Riberon 2003 24,30 $
Un vin aux arômes exubérants de fruits, de mûres et des odeurs de ferme. À l’aération, on a des notes de poivre. Une masse de fruits en bouche. Un bel équilibre. Bien plaisant.

Les Deux Terroirs 25,80 $
Un vin assez surprenant. L’attaque est très tannique, puis le milieu de bouche est plus délicat, fruité suave. La finale est chocolatée. C’est un mélange de merlot de de la région de Saint-Émilion et de syrah du Minervois, d’où le nom du vin. On dirait d’ailleurs qu’on perçoit les deux cépages en bouche à des moments différents. Le vin n’est pas millésimé puisque c’est aussi un assemblage de deux millésimes. Un vin bien original.

Le Ferré de Château Ferré 2001 37,50 $
Ce cru artisan du Haut-Médoc s’ouvre sur de belles notes de crème et de fumées dues à un usage judicieux du bois. Un vin bien texturé. Fin et ample. Une belle finale boisée. 44 propriétés du Médoc ont le droit d’utiliser la mention Cru Artisan.

Château Haut-Gravet 2003 49 $
Un Saint-Émilion-Grand-Cru de belle facture aux jolies saveurs d’épices et de cuir. Le vin est opaque. Le fruité est gras et riche. Les tanins sont bien intégrés. La finale est longue et veloutée. De la classe. Un vin que j’aimerais regoûter dans quelques années. Cépages: 50% merlot, 40% cabernet franc et 10% de cabernet sauvignon.

Pour en savoir plus, consultez le site Internet de l’agence Raisonnance www.raisonnance.net