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LES SÉNATEURS DE LA SAQ

ÉDITORIAL    

Les employés de la SAQ donnent un rabais de 40 % aux employés de la SAQ!

Lorqu’un employé de la SAQ ou un retraité se présente à la caisse d’un magasin de la SAQ son collègue lui accorde une réduction de 40 % sur ses achats.

C’est un sujet délicat que celui des rabais dans les entreprises d’État.
En effet, lorsqu’un concessionnaire automobile (ou autre commerçant) donne un rabais à ses employés, c’est son argent, pas le nôtre.

Toutefois, lorsqu’un fonctionnaire, un employé de l’État ou d’une société d’État, donne un rabais à un de ses collègues, là c’est plus délicat. Car ce n’est pas son argent qu’il donne, mais celui de l’ensemble des contribuables, des citoyens du Québec. De l’argent qu’il donne au seul membre de son groupe.

Regardons les faits
Lorsqu’un employé ou un retraité de la SAQ se présente à la caisse de la SAQ avec une bouteille de vin de 16,80 $, son collègue caissier lui donne un rabais de 6,72 $. C’est l’exemple que donne ce matin le journaliste spécialisé dans les sociétés d’État, Pierre Couture, dans le Journal de Montréal.(1)
Un conseiller en vin a ainsi droit à un rabais maximum de 810 $ par année; pour un gestionnaire c’est 700 $; un caissier 650 $ et 300 $ pour un retraité.

Le Journal de Montréal nous dit que «la Société des alcools du Québec (SAQ) a offert l’an dernier 4 millions $ de rabais à ses employés lors de l’achat de bouteilles de vin et de spiritueux.» 8300 employés et retraités auraient bénéficié de ce rabais.

Donc, c’est 4 millions de dollars de dollars de moins dans les coffres de l’État? Vraiment? Pas tout à fait? Vous verrez.

La raison invoquée pour justifier ce 40 %
Le porte-parole de la SAQ, Renaud Dugas, cité par le journal dit que «le programme d’escompte est un avantage social (sic) dont le but est de favoriser la découverte et l’approfondissement des connaissances des produits par nos employés».

La découverte et l’approfondissement des connaissances des employés et des retraités!
Quatre millions de dollars pour découvrir! Donc un programme de formation, de perfectionnement. Est-ce qu’il n’y aurait pas un moyen plus efficace de dépenser ces 4 millions en perfectionnement?

Combien de fois demandons-nous à un employé de la SAQ de nous dire ce que goûte ce vin, pour nous faire répondre qu’il n’y a jamais goûté.
La SAQ veut faire la promotion des rosés ou des rouges de BBQ, les employés utilisent leur 40 % pour acheter du rhum!
Prenons l’exemple de nos voisins, les Ontariens de la LCBO. Chaque mois, tous les conseillers des succursales d’Ottawa sont réunissent dans une salle de dégustation en présence des nouveaux vins du mois. Munis d’un verre et d’un crachoir, ils ont toute la journée pour déguster et prendre des notes. Ça, c’est de «la découverte et de l’approfondissement».

Alors, suggestions aux patrons de la SAQ
Dépensez ces 4 millions de dollars sur des séances de dégustation des nouveaux produits.

Sinon, tout au moins, ciblez les dépenses en disant «la semaine prochaine, on pousse les rosés, alors vous avez 40 % de rabais sur l’achat des rosés. La semaine suivante, ce sera les rouges de BBQ, et ainsi de suite. Ils auront ainsi vraiment approfondi leurs connaissances pour informer le client sur les nouveaux produits.

Qui paie les 4 millions? Vous
Actuellement, ce rabais à tout va, c’est 4 millions de dollars de moins par année pour l’État. Au cours des deux dernières années, la direction de la SAQ n’a pas atteint ses objectifs de revenus exigés par le ministre des Finances qui a dû, pour compenser le manque à gagner, imposer alors à deux reprises des taxes spécifiques sur les bouteilles de vin et de spiritueux. On en est rendu à 1,05 $ de taxes dites spécifiques par bouteille de vin.(2)

Sénateurs de la SAQ
On a l’impression qu’il y a de plus de gens qui se servent allègrement dans les caisses publiques. On a vu l’exemple de la lieutenante-gouverneure, puis des sénateurs. Ces gens invoquent toute sorte de raisons pour justifier leur générosité envers eux-mêmes.  Pendant ce temps, le gouvernement nous serine les oreilles avec ses programmes d’austérité qu’il nomme «rigueur budgétaire».  La générosité c’est une qualité, toutefois la générosité avec l’argent du public par et pour un groupe d’employés de l’État c’est autre chose. Ce n’est certainement pas de la rigueur budgétaire.

N’y a-t-il pas là dans ce système de prime facile de 40 % à la SAQ un problème d’éthique? On dit que le conseil d’administration a accepté ce programme. Qui alors se préoccupe de l’étique à ce conseil d’administration?
On est bien généreux avec votre argent!
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(1) Des millions de dollars de rabais pour les employés de la SAQ, Pierre Couture
(2) Le prix d’une bouteille de vin au Québec