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Attention: de plus en plus de mauvais vins bio

Nous rencontrons de plus en plus de vins bio ayant des défauts!
Est-ce un hasard? Est-ce dû au fait que nous en dégustons plus? Est-ce dû aux conditions de conservation?
Le fait est que depuis quelque temps, le nombre de vins bio oxydés, brettés ou contaminés par des bactéries est plus grand.

Nous sommes à la recherche de vins bio. Donc, nous en testons plus. Malheureusement, le taux de rejet s’est accru ces derniers temps. Pourquoi? Nous allons tenter de donner des pistes de réponses.

La première piste: la température
Les producteurs de vin bio mettent moins de sulfites dans leurs vins. Ce dioxyde de soufre est un préservatif efficace. Il aide à la conservation des vins. Il est essentiel selon plusieurs. Des vignerons réussissent à produire de bons vins avec très peu de sulfites ajoutés. Toutefois, ils doivent prendre des précautions supplémentaires d’hygiène à la vigne, à la cave et lors de l’embouteillage. Ils (et leurs employés) doivent être très méticuleux.

De plus, les conditions de transports et d’entreposages doivent être idéales.

Ces vins traversent l’Atlantique, sont entreposés dans d’immenses locaux à Montréal, sont ensuite distribués dans les 400 succursales par temps très froids et très chauds, sont conservés un temps dans les arrière-magasins (quelquefois surchauffés) des succursales; puis sont placés sur les rayons de nos petites et grandes surfaces que sont les succursales SAQ. La température y est réglée pour le confort des employés et non pour celui des vins. Il y fait 22 degrés Celsius.

«Sur le plan microbiologique, les populations de microorganismes dénombrés sont plus conséquentes à tous les stades», écrit l’Institut français de la vigne et du vin qui a mené des tests sur les vins qui contiennent moins de sulfites. «La question de l’évolution et de la tenue de ces vins au cours de leur conservation en bouteilles se pose.» Après si peu que deux ans en bouteilles «au niveau sensoriel des écarts significatifs apparaissent» L’IFV recommande de «repenser les conditions de transport et de conservation des vins conditionnés» avec moins de sulfites. (1)

Les auteurs du site 1001 Dégustations notent aussi que «le soufre étant un stabilisant, les vins faiblement dosés présentent un risque de moins bonne conservation, notamment lors de variations de température.» (2)

Piste 2: le bouchon
Ces vins bio qui contiennent moins de sulfites sont plus sensibles à l’oxydation et aux développements potentiels de bactéries. «Sur le plan microbiologique, les populations de microorganismes dénombrés sont plus conséquentes à tous les stades», écrit encore l’IFV. Il leur faut donc des bouchons très étanches de très bonne qualité. Le bouchon est le maillon faible ici.

La demande de bouchon de liège a explosé à la suite des hausses de production de vin dans le Nouveau Monde. Il est ainsi plus difficile d’avoir les meilleurs. Nous avons même vu des bouteilles de vin bio obturées avec des bouchons de plastique. Ce sont les bouchons réputés les moins étanches. Donc à éviter. Vin bio et bouchon de plastique à éviter. Ce n’est pas toujours possible, car nous savons rarement ce qu’il y a dans le goulot.

Piste 3 : ascorbique
Afin d’utiliser le moins de sulfites possible, le producteur doit tout de même assurer la conservation de son vin. Il peut se tourner alors vers d’autres moyens. L’utilisation de l’acide ascorbique en est un. C’est aussi un antioxydant. Il a ses qualités et ses défauts. En effet, la charte des vins bio de la FNIVAB recommande la «prudence avec l’acide ascorbique, qui permet certes de minorer les apports en SO2, mais qui peut se révéler à terme hyper oxydant lors de certaines évolutions.»

Finalement, ça peut être une combinaison de plusieurs facteurs. Le vin bio moins bien protégé est plus sensible aux variations de température et nécessite un bouchon de meilleure qualité.

L’avenir
Le nombre de vins bio augmente et continuera d’augmenter. Les risques d’en rencontrer de plus en plus de défectueux s’accroitront alors. À moins d’être plus prudent dans le transport, l’entreposage et dans la présentation en magasins. Ces vins devraient être conservés dans la section la plus fraiche des magasins.

La Société des alcools du Québec doit lancer bientôt quelques vins nature. Ces vins qui contiennent très peu de soufre ajouté sont très sensibles à la température. Ils doivent généralement être conservé à des températures inférieures à 14 C. Est-ce qu’ils le seront?

À retourner
Quoi qu’il en soit, si vous débouchez une bouteille qui est défectueuse vous pouvez la retourner. En effet, la Loi de protection du consommateur du Québec oblige les commerçants à reprendre tout produit défectueux. Malheureusement, très peu de consommateurs retournent les bouteilles défectueuses. Ce n’est pas ainsi que nous allons améliorer la situation.

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(1) Limiter l’utilisation du SO2 tout en préservant la qualité du vin
(2) Vins Bio, vins biologiques, vins certifiés AB
(3) Charte vin bio FNIVAB