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Dégustation verticale de Château Musar

En février 2006, nous avons publié les notes de dégustation d’une verticale de Château Musar. Nous avions alors dégusté les millésimes 1998, 1997, 1993, 1989, 1986 et 1981 du Musar rouge et terminé avec le Musar blanc 1993.

Cinq de ces vins ont été dégustés à nouveau l’été dernier, lors d’une autre verticale de Château Musar. Cette fois, nous avons d’abord dégusté les Musar blancs 2001, 1999, 1995 et le même 1993. Ensuite, nous avions sept millésimes du Château Musar rouge : 1996, 1999 et 2000 ont été ajoutés aux 1998, 1997, 1993 et 1989 déjà goûtés.

Les vins blancs de Château Musar sont issus des cépages indigènes merwah et obaideh, considérés par les viticulteurs libanais comme étant les ancêtres du chardonnay et du sémillon.

Pour les vins rouges, on y cultive cinq cépages, le cinsault, le cabernet sauvignon, le carignan, le mourvèdre et le grenache; mais le Château Musar est principalement composé des trois premiers, les proportions variant d’année en année.

Voici les résultats de cette dernière dégustation, basés sur les notes de Louis Landry, de Pierre Bélanger et d’Alain Brault.

Château Musar blanc 2001
Jaune doré intense, limpide; belle brillance.
Très beau nez d’intensité moyenne, fruité, avec du miel et une belle complexité. Louis y a détecté de l’amande, de l’abricot, du coing et un peu de beurre chauffé, tandis que Pierre parle de cire d’abeille et d’un relent de champignons de paris à la crème. Viennent ensuite des arômes de citron confit et, enfin, du caramel. Très belle longueur.
Superbe en bouche; rond et gras, avec une belle fraîcheur, légèrement alcooleux et, selon Louis, un beau goût d’oxydation, comme un palo cortado.
Louis : un vin unique. Superbe!
Pierre :
Alain :

Château Musar blanc 1999
Plus foncé que le précédent, mais très limpide et brillant.
Nez très différent du précédent, exubérant, très minéral (pierre à fusil), noisette, grillé. Pierre ajoute : un peu étrange, foin, camembert. Très complexe et évoluant d’heure en heure.
Bouche puissante, le vin tapisse le palais, très ample, corps imposant, bonne acidité et une touche épicée qui donne beaucoup de vivacité. Très long.
Pierre : Très beau vin,
Alain :

Château Musar blanc 1995
Jaune très foncé, ce vin semble plus oxydé que les autres.
Nez intense, très forte personnalité, une légère oxydation qui donne un beau rancio et, là encore, très complexe. Pour Louis, c’est la noisette, un peu de coing, des agrumes (citron confit), un coté crémeux, et très cumin! Pierre parle de sous-bois et de champignons sauvages.
Pas de consensus en ce qui concerne la bouche. Louis l’a trouvée relativement molle et manquant d’acidité, pour Pierre le vin est rond et acidulé à la fois, tandis qu’il est plus léger et d’un bel équilibre pour Alain. La finale était légèrement boisée (noix de coco et vanille).
Pierre :
Alain :

Château Musar blanc 1993
Le moins coloré et le plus brillant des quatre vins, ce qui est très étonnant, étant donné que c’est le plus vieux (probablement conservé dans une cave plus froide).
Nez très expressif et changeant, fruité, munster, camomille; Louis ajoute, fumé (presque pimenton).
Texture moyenne et rondeur en bouche; à la limite de la mollesse, pourrait avoir plus d’acidité. Assez long.
À revoir dans 5 ans.
Pierre : (mais pourrait évoluer vers )
Alain

Château Musar 1989
Beau rouge grenat relativement pâle, reflets brunâtres au disque; mature, belle densité; au centre, un léger nuage.
Magnifique nez de vieux vin qui fait voyager; épices d’Orient, chocolat, café brun et cuir; puis les arômes se raffinent : fruits macérés/confits, prune, dattes, girofle. Très impressionnant. Il évolue rapidement dans le verre et plus le temps passe plus il devient complexe.
Bouche superbe, à la fois puissante et très élégante, bonne acidité, des tannins encore bien présents, de la structure ! Du bois et des épices (coriandre, cumin). Longueur moyenne.
À pleine maturité; probablement à son meilleur présentement, sinon au début de son déclin.
Louis : Superbe.
Pierre : une note de plaisir 
Alain :

Château Musar 1993   
Superbe rouge grenat, belle limpidité, belle couleur uniforme, reflets tirant sur le brun au disque.
Nez pas très caractéristique de Musar, plus cabernet sauvignon que les autres. À l’origine, un peu plus fatigué que le 1989, subtil, cuir, mais qui développe ensuite de puissants arômes. Il prend de l’ampleur et devient selon Louis un très grand nez, sucre brun, cassonade, arômes volatiles; ensuite nez ferrugineux, presque de l’orange, pomme de terre, terreux (amidon);  puis bovril et enfin, très torréfaction. Les arômes de café et de torréfaction continuent d’augmenter en intensité à mesure que le temps avance et que le vin se réchauffe.
Pour Louis, la bouche est intéressante, mais la matière un peu décevante malgré une très bonne acidité; en répit d’un manque de personnalité, la finale est agréable et la longueur exceptionnelle!
Pierre s’étonne de voir un vin au départ un peu timide se développer à un point tel qu’il devient un des meilleurs Musar de la soirée.  A la fin de la dégustation ce vin développe des notes de caramel, très sucré qui durent et durent très longtemps en bouche. Un Musar classique : goûteux, soyeux, long et original.
Pierre :
Alain : commenté aussi en octobre 2002

Château Musar 1996  
Le Musar n’est jamais très foncé, mais celui-ci est particulièrement pâle, légèrement trouble et très évolué (reflets orangés).
Le nez demeure discret, subtil, évanescent, difficile à définir, un peu fatigué : fruits noirs, ferrugineux, girofle, mélasse, médicamenteux; après une heure, il présente des notes très sapinées!
Délicat en bouche, très subtil, mais tout de même une grande présence (Louis parle d’une main de fer dans un gant de velours, de puissance). Le vin est reconnaissable à ses épices, ses agrumes et sa finale torréfiée. Bel équilibre. Selon Pierre, probablement dans une période difficile; à revoir dans 4 ou 5 ans.
Louis : un superbe vin!? (la ponctuation est de lui)
Pierre : (peut-être dans 5 ans)
Alain :

Château Musar 1997
Beau rouge, léger nuage, grenat avec reflets légèrement ambrés.
Un nez puissant (alcool), arômes intenses, sur le fruit confit, girofle, médicamenteux, un peu d’encens, vanille, plutôt oxydé (un peu de carton), dépassé.
S’en tire mieux en bouche. Expressif, exubérant, frais, ample, du beau vin, très long et assez puissant. Quand même le plus fatigué de tous.
Probablement une bouteille défectueuse.
Pierre : 
Alain :

Château Musar 1998
Teinte de jeunesse. Rouge rubis relativement foncé au centre, reflets grenat moyen/orangés; brillant, ce vin semble être en parfaite forme.
Très beau nez de belle intensité, sur le café noir, torréfaction, épices (le plus coloré de tous!), mais moins complexe que les autres. Plus tard, Louis y a trouvé une pointe de céleri et du bois de santal. Un Musar bien typé, mais avec une certaine retenue; se développera sûrement beaucoup avec quelques années de cave supplémentaires.
En bouche, solide, rond, semble plus sucré que les autres vins de la soirée. Pierre l’a trouvé un peu racoleur. Bonne acidité, corps généreux, bonne structure tannique, moyennement corsé, du fruit, très épicé, cannelle, zeste d’orange, café, moins boisé. Encore très jeune.
Pierre : pour son potentiel à long terme.
Alain :
MAG : commenté en août 2008
MAG : commenté en juillet 2007

Château Musar 1999
Rouge rubis moyen, plus limpide que le 1998, couleur uniforme.
Un nez frais, moderne, arômes puissants, sur le fruit confit, la torréfaction, la cannelle, la prune;  un petit quelque chose de généreux – oui, c’est l’alcool. Bien typé : fruits confits, torréfaction et épices.
Bouche impressionnante, imposante, très jeune, plénitude. Tout y est! Fruits, acidité et tannins en équilibre. Rond et soyeux. Grande matière et très belle longueur. À boire maintenant ou à conserver. Très persistant.
À mettre en cave 8 à 10 ans.
Louis : Un classique! Du grand vin!
Pierre :
Alain :
MAG : commenté en août 2008

Château Musar 2000
Rubis moyen, un léger nuage, une couleur uniforme. Jeune.
Un nez assez mal défini, subtil, côté animal manifeste, mais il tourne un peu sucre d’orge. Manque peut-être de fruit par rapport à l’alcool. Bref un peu difficile à juger maintenant.
Bouche d’ampleur moyenne, manque un peu d’acidité et de fraicheur. Selon Louis, manque de définition. Tanins serrés et très fins.
Un vin «hors foyer» pour l’instant – une phase ingrate? Mais avec Musar il ne faut jamais désespérer; il pourrait causer une surprise dans quelques années.
Pierre :
Alain :

  Le site du Château Musar

Alain Brault, Pierre Bélanger et Louis Landry

N.D.L.R. Il n’y a pas de Château Musar actuellement à la SAQ. Le dernier millésime a été refusé parce qu’il contenait trop de carbamate d’éthyle. (Voir l’article 7223) M. Gaston Hochar espère que ses prochains millésimes seront acceptés.