Aller au contenu

Le Brunello di Montalcino

Brunello di Montalcino est une appellation qui a une certaine réputation. Elle est toutefois relativement peu connue. Moins en tout cas que le Barolo. Lors d’une dégustation de vins de Brunello chez une amie, Marie, celle-ci nous demandait s’il y avait des brunelistas, comme il y a des barolistas. Des passionnés de ce vin, il y en a sûrement, mais j’en connais peu dans mon entourage. 

C’est que ce vin soulève peu les passions. Il n’y a pas ce conflit entre des traditionalistes et les modernistes comme à Barolo. Les vins de Montalcino sont en général assez chers. Il n’y en a très peu en bas de 50 $. La qualité des vins, des producteurs varient aussi énormément.

C’est une appellation créée par la volonté d’un producteur italien du nom de Ferruccio Biondi-Santi. Vers 1870, à l’époque où le phylloxera faisait des ravages, il remarqua qu’un clone du sangiovese, le brunello, appelé aussi sangiovese grosso, parce qu’il avait de plus gros grains, était moins sensible aux attaques du puceron. Il replanta tout son vignoble avec ce clone. Puis, il décida de faire vieillir son vin plus longtemps, soit quatre ans en barrique.

Il renonce aussi à utiliser la méthode du governo, en vogue dans le Chianti de l’époque qui consiste à faire repasser le moût de l’année sur les pulpes de raisins passerillés.

Ce fut un succès, 15 ans plus tard, son vin avait déjà une belle réputation. Le premier brunello officiel date de 1888.

Une des particularités du brunello, en plus du cépage à gros grains, est le fait que les producteurs ne peuvent vendre leur vin avant cinq ans. Il aura donc une certaine maturité lorsque mis en marché.

Le vin est vieilli en barrique pour un minimum de deux ans. Le type et le format de barrique varient énormément d’un producteur à l’autre.

Malgré le climat méditerranéen de la région, l’influence du millésime est très grande. Selon les principaux producteurs, 1997 a été la plus grande année de tous les temps. «Tout a changé en 1997» dit Pio Boffa de Pio Cesare, cité par le Wine Spectator du 15 décembre 2007, «Nous avons alors tellement appris. C’était la première année des millésimes chauds. Ça nous a servi de modèle.» Les producteurs disent que 2004, encore en barrique, est aussi un très grand millésime. Les autres millésimes récents respectables sont 1998, 1999 et 2001.

Voici donc nos notes de dégustations pour les vins apportés par sept grands amateurs. La dégustation s’est faite à l’aveugle. Voici les commentaires présentés dans l’ordre de service d’Alain Brault (AB) et de Marc André Gagnon (MAG). Les vins ont été servis au hasard.

Pian delle Vigne 1999
Rubis assez foncé. Nez d’abord intense, mais moins expressif après quelques minutes, du fruit, de la torréfaction, des herbes séchées; plus tard, de la prune et de la réglisse. Bouche assez solide, bonne acidité, tannins assez accessibles. Finale torréfiée, légère amertume. Assez long. S’améliorera sans doute avec quelques années de cave.  (AB)***

C’était le premier vin présenté et il m’a énormément impressionné. Je me suis dit que si le reste était du même calibre alors la dégustation allait être un réel plaisir. Sa texture est très agréable. Les tanins sont granuleux offrant une belle présence un bouche. C’est succulent, chaleureux, bien bâti. Des saveurs de fruits, de chocolat brun et une note de café. Il y a là aussi un petit côté sucré que je retrouverai dans plusieurs des vins qui suivent. Le plus rond, le plus fruité, le plus jeune du groupe.  Un des sept dégustateurs n’a toutefois pas aimé ce vin. Il apprendra par la suite que c’était la bouteille qu’il avait apportée. Disponible à la SAQ à 60 $(566232) Commenté aussi en octobre. (MAG) ****

Campogiovanni 2001
Nez très intense, animal (viande, cuir), avec du fruit et du chocolat amer. Corps moyen, bonne acidité, tannins sans agressivité. Finale bien acide, avec une note de maturité.  (AB) ***(*)

Orangé, tabac et note végétale. Toute une chute après le premier. Facile, coule bien, mais tombe vite. Corps plus léger. C’est la bouteille que j’ai fournie. Une certaine déception! Disponible à la SAQ (634881) à 52 $ (MAG) ***

Caprili 1999
Très ouvert, fruité, épicé, vanillé, un peu d’anis. Moyennement corsé, tannins bien présents et bonne acidité, bel équilibre. Finale très sèche, presque astringente, épicée. La complexité s’exprime en bouche. Très long. Pour la longue garde.  (AB) ****(-)

Un vin discret qui s’ouvre lentement. Profond et attirant. Une belle attaque sur le fruit, puis les tanins prennent la place. De la matière. Bien costaud. Long. Saveurs thé-café. 52 $. (MAG) ****

Poggio Antico 1998
Nez d’abord discret, doucereux, rappelant la noix de pin; qui s’ouvre progressivement pour révéler le fruit et des arômes de réglisse qui font penser aux nebbiolos matures. Un vin gras, bien sec, d’un équilibre impeccable, avec une note végétale (céleri) et une bonne dose de fruit. Finale un peu astringente. À maturité, mais tiendra.   (AB) ****

Orangé. Des arômes de foin. Une belle bouche assez consistante, facile, plus simple. Moins expressif que les autres. Sirop, un petit sucré. Il a été servi à une température plus élevée que les autres. Après quelque temps dans le verre, il s’améliore. Long. 
Ce vin a été le préféré de la majorité. (MAG)  ****(-)

Le 2001 est 70 $ à la SAQ. Cette maison fait aussi un Reserva à 104 $.

Rennina 1994
Nez très intense, épicé, boisé (coconut), réglisse, maturité, fines herbes (estragon). Corps moyen, bien tannique, pas fruité. Finale astringente. Très bon, mais c’est un peu tard, le fruit à disparu. Dommage, mais il a tout pour plaire aux amateurs de vieux vins.  (AB) ***(*)

Moyennement ouvert, des arômes de cuir, mais semble encore jeune. Une très belle entrée en bouche, ça coule bien, de beaux tanins bien intégrés. À la fois facile et costaud. Suave. Une petite note de mélasse, encore ce sucré, mais moins sucré que le précédent. Un bel équilibre. Assez long.  Le 2000 est 110 $ à la SAQ. Un vin d’Angelo Gaja. (MAG) ****+

Agelini 1999
Plutôt foncé. Très ouvert, du fruit, de l’échalote confite, un peu de chocolat et d’herbes sèches, mais une pointe d’oxydation qui déçoit. Solide en bouche, avec de beaux arômes végétaux et de maturité. Bonne astringence en finale, mais la note d’oxydation semble démontrer une fatigue prématurée. Quand même très bon, mais beaucoup trop cher.  (AB) ***(*)

Foncé, opaque. Il sent le très vieux vin. Costaud, très tannique, presque astringent. Malgré le nez très aromatique, le vin ne me plait pas beaucoup. Déséquilibré, le fruit s’en va, reste trop de tanins. J’aimerais essayer une autre bouteille; celle-ci est peut-être défectueuse. Mais à ce prix! (MAG)
83 $ (10381759)

Campogiovanni 1997 
Nez intense, animal, écurie (« brett » à un niveau très agréable pour moi). Corps moyen, mais très belle texture, équilibre parfait, note fumée, tannins fins. Finale juteuse et très sèche. Bonne longueur. Un vin mature. (AB) ***(*)+

Très aromatique, très différents des précédents. Des arômes qui rappellent la terre et la poussière. Une belle attaque, coulant. Un beau fruité. Un petit côté sucré. Une finale sur les arômes d’écurie qui laisse présager un problème bactérien de brettanomyces. C’est à la limite de l’acceptable. Certains aiment, d’autres détestent. À ceux qui en ont en cave, je suggère de le boire sans tarder de crainte que les bactéries (comestibles quand même) ne prennent encore plus de place et dénaturent complètement ce vin. (MAG)

En guise de conclusion
Donc, une dégustation très intéressante. Les avis étaient assez variés. On le voit ici dans nos notes.
Avec le nourriture qui a suivit, pâté, rillettes et fromages assez costauds, les Pian delle Vigne, Poggio Antico et Rennina ont fait belle figure.

Le brunello est un vin de méditation, comme on dit, et loin d’être une bête de concours. Il est surtout fait pour la table. Il contient en général une bonne dose d’acidité par rapport au fruit. Il est à consommer avec les viandes rouges accompagnées de champignons. En raison justement de sa bonne acidité, il fait aussi relativement bonne figure avec les fromages costauds. Servir à 15-18 °C.

La superficie de l’appellation est passée de 30 hectares à 1400 hectares dans les 40 dernières années.

Pour en savoir plus sur les vins de Brunello di Montepulciano consultez le site en italien et en anglais du consortium de cette appellation  www.consorziobrunellodimontalcino.it. Vous pouvez aussi aller directement à la liste des millésimes.

Il y a peu de brunellos à la SAQ, moins de 40 produits de 39 $ à 164. $