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Le vin français, un chef-d’oeuvre en péril

Un brûlot, un pamphlet, un livre polémique.

Sur la page couverture on voit une bouteille de vin avec l’étiquette «Château Mc World, Boisson alcoolisée artificielle issue de raisins toxiques. Mixed product of California, India and Australia»

Alexandre Rougé y va d’une charge à fond de train contre les vins chimiques, les vins industriels, les vins du Nouveau Monde. Les viticulteurs du Nouveau Monde «saturent leur vin de produits chimiques (levures y compris OGM, arômes artificiels, additifs et conservateurs divers et variés) qui … présentent des risques inconsidérés en termes de santé publique.»

La viticulture conventionnelle que l’auteur nomme aussi «intensive» ou «chimique», a, selon lui, massacré les sols, épuisé la vigne, dénaturé les raisins. Elle produit un vin dangereux pour la santé «car il est plus ou moins, selon les régions, chargé en résidus toxiques, neurotoxiques, perturbateurs endocriniens et/ou cancérigères.»

Les ennemis du bon vin ont pour complice la Commission européenne, l’INAO et le ministère de l’Agriculture de France qui veulent écouler «leur vinasse chimique et technologique».

«En copiant le modèle vitivinicole anglo-saxon, nous faisons passer le message que nous renonçons à notre modèle qualitatif, pointu et exigent.»

Levures et sulfites

«Dès lors que l’on fait pisser la vigne, il faut une pression phytosanitaire maximale – ou en cave – puisque, avec des raisins aussi minables, il faut balancer un maximum de levures pour faire démarrer la fermentation, un maximum de sulfite pour éradiquer les bactéries, ainsi que quelques levures aromatiques pour donner un goût de cerise ou de poire selon les envies suscitées par les campagnes marketing.»

On y apprend aussi que le vin américain dit bio n’est pas vraiment bio. «Dire la vérité sur ce que nous mangeons et buvons? Ce serait révolutionnaire».

«Le problème de la viticulture chimique c’est que les traitements systémiques, qui agissent directement dans la sève, perturbent la photosynthèse et entraînent donc la chute potentielle aromatique des vins. Et pour essayer de rendre du goût au vin, on utilise des levures artificielles.» Plus «des enzymes d’extraction aromatique.»

L’oenologue

«Certains oenologues eux-mêmes reconnaissent que si les raisins étaient sains, ils n’auraient pas de boulot… L’oenologie est apparue en réaction à la débilité du raisin issu de la viticulture conventionnelle.»

Comment faire un bon vin?

Les vins naturels, bio et biodynamiques sont l’avenir du vin selon M. Rougé. Il donne l’exemple d’un producteur près de Pommard qui a augmenté la hauteur de ses vignes pour que les gens puissent travailler debout «et discuter entre eux d’un rang à l’autre. Comme ça l’ambiance est meilleure et la vigne s’en ressent.»

Les propos de l’auteur font 136 pages des 240 du livre. Il est complété de plusieurs annexes dont un long texte de Patrick Beaudouin, ainsi que la traduction française complète de l‘Étude vin Pan Europe, étude sur la présence de résidus de pesticides dans le vin. Une des annexes s’intitule «L’arroseur à rosé». Il s’agit de l’affaire du rosi qu’on a voulu appelé rosé.

Dans une de ces annexes, il énumère une partie des 300 produits chimiques qui sont autorisés en vinification. Dont le sel de cuivre, le sulfate de potasse, le sel de plomb, le ferrocyanure de potassium, le chlorure de baryum, le violet de méthyle…

Donc toute une attaque contre la viticulture chimique et un encouragement à boire plus sain, plus bio.


Le vin français, un chef-d’oeuvre en péril
Alexandre Rougé
Respublica Éditeur
ISBN : 978-2-35810-007-6
18,90 €