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Des journalistes collaborateurs de la SAQ

Il y a quelques années, un critique britannique de vin a envoyé une note aux marchands de vin de son pays leur interdisant d’utiliser ses commentaires et ses notes de dégustation sans sa permission.

Il n’y a pas très longtemps au Québec, des employés de la SAQ affichaient des notes des critiques de vin sur les tablettes. Leurs patrons leur ont ordonné de cesser disant qu’il faudrait plutôt demander aux agences et aux producteurs de payer pour ces notes.

La semaine dernière, nous apprenons que la SAQ va finalement utiliser des notes de certains chroniqueurs et journalistes pour faire la promotion de certains vins. (L’après Suckling)

La prochaine opération sera lancée le 15 novembre avec l’auteure Nadia Fournier, du Guide Michel Phaneuf. La SAQ mettra en alors valeur 25 vins coup de cœur de Mme Fournier. Ces vins seront regroupés dans la section Cellier des magasins avec des affiches à l’image de Mme Fournier. «Il s’agit de quelques-uns des produits identifiés meilleurs rapports qualité-prix identifiés par un nouvel icône dans le Guide du vin. De plus, ils ont tous obtenu une cote de 4 étoiles», lit-on dans un document de la société d’État. Puis le même genre d’opération sera fait avec deux autres critiques de vin après Noël et au printemps.

Qui va payer pour cela?
Qui va choisir les vins?
Est-ce que les producteurs seront invités à débourser pour faire afficher ces notes?
Est-ce que les chroniqueurs et journalistes seront payés comme ce fut le cas pour James Suckling l’an dernier?

Interrogée à ce sujet vendredi, la SAQ a refusé de répondre à ces questions.  Son porte-parole nous a dit ce midi que cette opération sera présentée la semaine prochaine.

En attendant, nous pouvons réfléchir sur le sujet.
On doit s’attendre à ce que les pressions des producteurs et de leurs agents au Québec soient fortes pour qu’apparaissent les commentaires favorables à leurs vins dans ces promotions.
Est-ce le rôle des critiques de vin de collaborer avec les marchands de vin?

Si l’intérêt du marchand de vin est évidant ici, celui du critique l’est moins.

Est-ce que des critiques de restaurants collaborent avec McDonald?
Est-ce que des critiques de cinéma collaborent avec Metro Goldwyn Mayer?

Le critique doit-il servir le marchand ou le consommateur?
Si on répond: les deux; alors, nous nous trouvons en équilibre précaire.

Ne serait-il pas préférable que le critique maintienne une bonne indépendance face aux marchands des produits qu’il critique; une certaine distance; une «petite gêne», comme on dit?

L’an dernier, interrogé sur l’affaire Suckling, Michel Phaneuf a dit qu’il aurait refusé une telle association. (Ma rencontre avec James Suckling (MISE À JOUR) Mathieu Turbide, 12 février 2011)

Au final, le plus important n’est-il pas que le critique acquière une crédibilité et surtout qu’il la conserve?