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Pourquoi payons-nous le champagne si cher

Le prix du champagne sous contrôle !

Chaque année à ce temps-ci juste avant les fêtes, il a une profusion de textes sur les vins de Champagne. La machine à promotion tourne à fond.

En général, ce sont des textes de louanges, des textes complaisants. Toutefois, il arrive qu’on y trouve des informations intéressantes permettant de mieux comprendre le monde du commerce de ce fameux champagne.

C’est le cas d’un article du Figaro vin qui dévoile un peu le fonctionnement de cette industrie et particulièrement la fixation et le maintient des prix élevés artificiellement.
 
On connait les noms des grandes maisons de champagne, mais sait-on que plusieurs n’ont pas de vigne. La plupart achètent les raisins de vignerons. En fait 90 % des vignes de Champagne appartiennent à de petits producteurs. Toutefois «les champagnes sont vendus à 75 % par de grandes marques, dont certaines ne possèdent aucun vignoble. Cherchez l’erreur», écrit Bernard Burtschy dans un article intitulé «Champagne : Les ingrédients du succès».

Prix obligatoire
Les vignerons et les fabricants sont regroupés en deux associations. Une qui représente tous les vignerons et l’autre tous les fabricants.

Le prix du raisin est fixé commune par commune et va de 5 et 6 € le kilo de raisin. Ce serait le plus cher au monde.  (Ailleurs, pour l’achat en vrac, on calcule au litre et c’est entre 0,50 euro et 2 euros.) Il faut 1,2 kilo de raisin pour produire une bouteille de champagne. Ce qui veut dire un peu plus de 7 euros la bouteille avant même la fermentation, comparé à 1 à 2 euros dans d’autres régions du monde.

Ce prix est obligatoire et confirmé par un arrêté des préfets de la Marne et de l’Aude.

«L’organisation champenoise va plus loin. Elle régule carrément la production pour un bon maintien des cours, ce qui ne se fait nulle part», ajoute M. Burtschy. Ainsi, pour la vendange 2014, le rendement commercialisable est de 10 500 kg/ha pour produire 307 millions de bouteilles. S’il y a surplus de production, il sera conservé pour l’année suivante.

Prix et production sous contrôle
L’Union européenne a tenté en 1999 de mettre fin à cette pratique de fixation des prix pour la région de Champagne. Mais la France l’a contournée en fixant les prix par communes, sous le prétexte de fermage.

Le prix et la production de champagne sont ainsi totalement sous contrôle.
«Ce mécanisme sophistiqué, avec un astucieux système de réserve constituée lors des années à récoltes abondantes, permet de pallier les écarts entre l’offre et la demande, d’où un lissage des variations des cours. Le vin de Champagne est totalement sous contrôle, un système unique au monde».

Si la récolte est trop petite, comme en 2012, ce système permet d’augmenter le prix.

Concurrence limitée
La concurrence est limitée. «Vignerons et maisons de champagne se sont mis d’accord sur un rendement de 10.500 kilos/hectare, dont 400 kilos/hectare sortis de la réserve, pour les vendanges 2014», comme nous l’apprenait France Bleu en juillet dernier. «Le Comité interprofessionnel du vin de Champagne a annoncé les rendements qui devront être respectés lors des vendanges 2014».

Le contraire !
Par contre, d’autres affirment que s’il n’y avait pas de contrôle de la production et des prix que ces derniers seraient encore plus élevés.

«La capacité de production est par définition limitée et les quantités offertes aux négociants sont restreintes par les stratégies de commercialisation directe des vignerons et coopératives», lit-on dans Analyse économique du marché du raisin en Champagne en l’absence de régulation. En résumé «une absence de régulation du marché intermédiaire entre vignoble et négoce va conduire à la poursuite de l’augmentation des prix de raisin», affirment les auteurs de l’étude.

Ils concluent que la seule voie possible «passe par un maintien du prix du raisin à un prix artificiellement bas.»

La hausse des prix du raisin a fait augmenter les prix du sol. «Un hectare en Champagne était estimé à 918 000 €/ha en 2010, face à une parcelle de terre arable estimée à 8 100 €/ha dans la même région». (Étude sur les impacts socio-économiques et territoriaux de la libéralisation des droits.)

En conclusion, un système de négociations des prix et de contrôle de la production, associé à une demande forte maintiennent les prix. 

Il se fait beaucoup d’autres vins dans le monde selon la méthode traditionnelle champenoise, mais  jamais les prix des raisins pour ces cavas, crémants et proseccos n’atteignent les prix élevés des raisins de Champagne.

Des chiffres
Il y a 15 700 vignerons et 300 maisons de champagne.
La production de champagne est passée de 40 millions de bouteilles dans les années 1950 à 349 millions de bouteilles en 2013. La surface plantée de vigne est de 33 000 hectares. Les rendements sont de 10 400 à 15 500 kilogrammes de raisins à l’hectare, soit de 65 à 97 hectolitres par hectare. Le total des ventes a été de 3,39 milliards d’euros en 2013. Le record a été établi en 2007 avec 339 millions de bouteilles pour un chiffre d’affaires de 4,5 milliards d’euros. Les stocks s’élèvent actuellement à 1,4 milliard de bouteilles.
 
La Champagne est la cancre des régions viticoles de France en production bio avec seulement 374 hectares en culture agrobiologique.
 
Les Français achètent 55 % des champagnes. Le principal acheteur extérieur de champagne est le Royaume-Uni avec 30 millions de bouteilles; suivi des États-Unis avec 17 millions. Le Canada est le 11e acheteur avec 1,7 million de bouteilles pour 41,5 millions d’euros. Soit 24 euros la bouteille.
 
Le champagne au Canada provient à 87 % des maisons, 6 % des coopératives et seulement 5 % des vignerons. 
 
À la SAQ, il y a actuellement 215 champagnes au format 750 ml. Les prix vont de 37,25 $ à 2924,25 $. Le prix médian est de 75,50 $.
 
Finalement, disons que nos monopoles, SAQ et LCBO, qui se vantent d’être les plus gros acheteurs de vins au monde, paient le champagne plus cher que tous les autres pays du monde! En effet, le prix moyen payé par le Canada pour le champagne a été de 33 euros le litre l’an dernier; alors que la moyenne mondiale est de 22,50 €, selon les chiffres compilés par l’Unione Italiana Vini.
 
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Sources