Normalement les prix des vins devraient baisser dans les prochains mois. Il y a surproduction partout dans le monde.
L’Australie a accumulé un surplus de 900 millions de litres. Le vin se vendait pourtant très bien ces dernières années, les prix montaient. Alors, un grand nombre d’entreprises se sont lancées dans le vignoble. On a accru les superficies. La surface de vigne plantée a plus que doublé en Australie depuis 10 ans, passant de 67 000 hectares à 164 000. Et pour faire du mal, il s’est mis à faire beau, très beau. Donc beaucoup de raisins, beaucoup de vin. On ne peut plus vendre toute la récolte.
Dans ce pays, lors de la dernière récolte, le groupe Foster a laissé sur souche plus de raisins que la production totale de la Nouvelle-Zélande.
On retrouve maintenant des bouteilles de cabernet à 1,48 $ dans les supermarchés australiens. Les vins de marque plus réputés se vendent 5 $, la moitié du prix habituel.
La Nouvelle-Zélande s’est mise de la partie aussi, ajoutant à l’offre globale. Elle exporte 55 % de sa production, principalement en Australie, aux États-Unis et en Angleterre.
Aux États-Unis aussi, la production est forte. On compte cependant beaucoup sur l’accroissement de la consommation interne pour écouler les stocks.
Les États-Unis sont le troisième pays consommateur du vin après la France et l’Italie. Si cette tendance se maintient, les Américains deviendront les plus grands consommateurs du vin dans deux à trois ans.
Mévente en France
À Bordeaux, le volume des stocks invendus équivaut à deux années de production. Ce qui exerce une pression énorme sur les prix. Des Saint-Émilion se vendent 2,50 euros.
Des producteurs des Côtes de Bourg et de Castillon qui ne réussissent pas à vendre leur vin sous ses appellations, le déclassent en AOC bordeaux. Ce qui pousse à la baisse les prix de cette appellation.
Malgré la campagne d’arrachage, la récolte 2006 s’annonce plus abondante que la précédente.
Certains producteurs, dans le Midi en particulier, réagissent face à cette surproduction en modifiant leur mise en marché. Au lieu de faire un vin, on en fait deux. Un pour les grandes surfaces, à 2 ou 3 euros, et un autre, dit supérieur pour les cavistes.
En Bourgogne, on adopte une autre stratégie. C’est un marché de négociants, de grandes firmes de négoce qui ont réussi à se faire de belles réputations et qui ne veulent pas les galvauder. Alors, certaines de ses firmes mettent sur pied de petites maisons de négoce, afin de vendre sous d’autres noms des vins moins chers.
Contrepoids
Tout ça devrait être de bonnes nouvelles pour le consommateur. Toutefois, l’action des gouvernements pourrait contrer ou atténuer cette baisse. Plusieurs producteurs font des pressions énormes sur leurs gouvernements pour de l’aide, sous forme de subvention et autres. À Bordeaux, on essaie même d’interdire la vente de vin à bas prix. On veut fixer un prix plancher.
Réforme remise à l’an prochain
La Commission économique européenne étudie aussi un plan qui prévoit l’arrachage de 12 % du vignoble [400 000 hectares]. C’est énorme! Cet arrachage serait compensé par des aides européennes pouvant aller jusqu’à 3,3 milliards de dollars.
Ce plan qui devait être mis en œuvre dès cette année, a été reporté à l’an prochain. Les principaux pays producteurs ne s’entendent pas sur les moyens de régler la crise de surproduction en Europe.
C’est un dossier à suivre.
Dernière mise à jour: 18 septembre, 9 h 40