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Un salon des vins décevant

Le salon des vins d’Ottawa vient de fermer ses portes. Les amateurs de vin n’en garderont pas un souvenir ému. Au contraire, beaucoup auront été déçus par les très rares découvertes qu’ils ont pu faire a l’occasion d’un salon qui ne tient pas ses promesses.

Cette année, la France devait être à l’honneur. C’est plutôt la honte qui était au rendez-vous. Aucun producteur français n’était présent. La liste des vins présentés était bien courte et les dix-sept régions vinicoles de la France étaient loin d’être toutes représentées.

Surtout, les quelques régions françaises représentées étaient bien mal représentées. Jamais aucune ne l’était par ses vins les plus intéressants, par ses producteurs les plus novateurs ni, surtout, par ses meilleurs crus. Pour rester polis, disons que la qualité des vins offerts était des plus ordinaires et penchait beaucoup trop du côté du bas de gamme et très très peu du côté des grands crus. D’ailleurs totalement absents.

Pour ce qui est des autres pays, parfois mieux représentés que la France — en quantité tout au moins — la qualité n’était pas souvent au rendez-vous non plus. Au moins, aurions-nous aimé nous rabattre sur la nouveauté. De ce point de vue non plus il n’y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent.

Année après année, le salon des vins d’Ottawa se spécialise avec entêtement dans les petits vins ordinaires. Des vins archi connus qui ne devraient pas avoir leur place dans un salon des vins digne de ce nom. Le Beaujolais de Duboeuf ou le Mouton-Cadet sont certes de bien gros vendeurs, mais qui a encore à les découvrir?

Les organisateurs de ce salon devraient être plus honnêtes et annoncer franchement la couleur. Le salon des vins d’Ottawa est d’abord et avant tout un salon des vins ontariens. C’est pour les goûter et apprécier l’évolution de ce vignoble que l’amateur devrait d’abord et avant tout fréquenter ce salon.

La réputation des vins blancs ontariens est maintenant faite, celles des vins de glace surtout. Les rouges, ceux issus de cépages nobles — cabernet sauvignon, merlot, pinot noir —, s’améliorent constamment. Pourtant, même ce qui devrait être le point fort de ce salon a du plomb dans l’aile. Cette année, plusieurs producteurs parmi les plus importants et les plus réputés de l’Ontario étaient absents du salon. Les Inniskillin, Cave Spring et autre Henry of Pelham étaient introuvables.

C’est un avertissement. Si même ceux pour qui le salon est fait le boudent, c’est que les organisateurs sont en train de manquer le bateau. Ce salon a de moins en moins sa raison d’être pour les amateurs de vin.

Ceux qui y sont passés le vendredi ou le samedi soir auront constaté que la foule est quand même au rendez-vous. Il ne manque pas de monde au salon des vins d’Ottawa. Malheureusement, de moins en moins de gens y vont pour déguster, découvrir et apprendre. Ce salon n’est de plus en plus rien d’autre qu’un gros « party » ou la jeunesse dorée se réunit pour boire et prendre un coup.

Le délire éthylique n’est pas ce que recherche l’amoureux du vin.

Benoit Guy Allaire
l’Académie du vin de l’Outaouais