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VIN NATURE — TOUS DES CACHOTIERS

Le vin dit nature devient à la mode et attire les gros producteurs ce qui enrage certains idolâtres de ce type de vin.

Dans un article d’opinion publié samedi dans le New York Times, la papesse américaine du vin nature, Alice Feiring, s’insurge contre le fait que de grands producteurs se lancent dans le vin nature.  «Le mouvement, construit sur l’honnêteté et la simplicité, est corrompu par des opportunistes», affirme-t-elle.

Selon elle, le vin naturel a atteint une grande notoriété et est maintenant menacé par les grandes entreprises.

Dans son article intitulé Is Natural Wine Dead? elle dit que «le vin naturel n’est pas mort, mais quelque chose a été perdu.»

Elle ajoute qu’«il n’existe pas de définition légale du vin « naturel »; j’ai mes normes et j’espère que d’autres les suivront, mais je ne suis pas législateur. Et sans définition légale, la porte est ouverte aux imitations. Nous devons sauvegarder la catégorie, mais la notion d’intervention gouvernementale semble répugnante à un mouvement né dans l’esprit de l’anarchie. Une liste des ingrédients requis fait l’objet de pressions dans l’Union européenne, mais cela n’empêchera pas l’utilisation de techniques non « naturelles » comme l’osmose inverse ou les centrifugeuses.»

Mme Feiring se plaint de trouver des vins dits nature faits avec des levures achetées dans le commerce; de voir des vins nature, mais qui ne sont pas bios…

Le problème est là. Il n’y a pas de définition de ce qu’est le vin naturel. Il n’y a pas de règlementation non plus. À la base, ce serait du vin fait sans aucun additif et à la limite sans interventions. Toutefois, plusieurs producteurs de ce type de vin disent ajouter un peu d’additif. Ce serait un vin sans sulfites, entre autres, mais plusieurs disent en ajouter seulement un petit peu, sans dire combien. De plus, ils ne disent pas ce qu’ils font et ce qu’ils ajoutent pour compenser le manque de sulfites. Ils ne veulent pas être contrôlés. Ils ne veulent pas que l’on vérifie si ce qu’ils disent est vrai.

Ce sont des cachoteries, de l’hypocrisie! Ils ne veulent pas afficher sur l’étiquette la liste des ingrédients ni des procédés. Ils disent qu’ils ne sont pas obligés et que les autres ne le font pas.

Comment alors s’y retrouver? — C’est du n’importe quoi! —  Comment mal informer le consommateur? Ça semble être la règle dans ce monde flou du vin dit naturel. Ces producteurs ne sont pas plus transparents que les autres. Ils disent qu’ils n’ajoutent pas de sulfites, mais ne disent pas tout ce qu’ils font pour que la fermentation de leurs vins produise le plus de sulfites possible. Faire du vin naturellement, c’est un processus très technique.

Certaines levures, tels les Saccharomyces bayanus Sacardo, produisent plus de sulfites que les autres. «Certaines souches de levures peuvent produire jusqu’à 300 mg/l de sulfites durant la fermentation.» (Werner) Il y a aussi toutes sortes de techniques permettant de faire du vin sans sulfites ou avec peu de dioxyde de soufre: l’hyperoxydation ou son contraire l’inertage; l’électrodialyse; contrôles thermiques; contrôle plus serré des fermentations; microfiltration; flashpasteurisation; contrôle des acidités; diminution du pH…  (Charrier. Davaux.) Et on poursuit les recherches et les expériences.

Donc, on voit que ça demande beaucoup d’interventions et de contrôles pour faire du vin dit naturel. Le vin ne se fait pas naturellement. C’est l’oeuvre de l’homme et de la femme.

Les producteurs de vin nature ne sont pas plus des saints que les autres. Il ne faut pas oublier qu’ils sont à la base des fabricants et des VENDEURS de vin.

D’autres parts, est-ce que l’on peut reprocher aux moyens et aux gros producteurs de faire des vins le plus naturels que possible? Ils vont peut-être mieux réussir que les petits.

En somme, tout ça, ce n’est pas une religion, c’est du marketing; de l’hommerie.

Finalement, ce sont tous des cachotiers qui refusent d’indiquer les ingrédients et procédés sur les bouteilles.
Marketing… Marketing… Marketing.