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Vino Business

Le monde du vin : un monde angélique !
 
C’est souvent l’impression que nous avons en lisant les reportages sur le monde du vin.
 
C’est bucolique, champêtre, pastoral, angélique, candide.
Oui, c’est ça, mais plus que ça.
 
Le monde du vin, c’est un monde d’homme, avec un petit et un grand H. Et de femmes aussi. C’est un monde de commerce, d’affaires, de business, de financiers, de spéculateurs, de tractations.
C’est un monde agricole, industriel et commercial.
C’est un monde de fabricants, d’oenologie, de chimie, de pesticides, de produits oenologiques.
C’est un monde de marketing, de marque, de millionnaires, de pauvres, de gens ordinaires, de nobles, de barons, de notables, d’ouvriers, de paysans, de négociants, de collectionneurs-spéculateurs, de journalistes, de chroniqueurs, de courtisans, de vendeurs, de «PR», d’acheteurs… et j’en oublie.
C’est tout ça!
 
En général, on entend, on lit le côté bucolique, mais de temps en temps quelqu’un gratte un peu plus et nous présente une autre facette de monde vitivinicole.
 
C’est le cas ici avec Isabelle Saporta, docteure en sciences politiques et journaliste recherchiste qui a publié ce livre Vino Business. L’autrice du Livre noir de l’agriculture a enquêté pendant deux ans sur le monde du vin en France. Elle s’est concentré surtout sur le Saint-Émilionnais.
 
Le résultat est ce que l’on peut appeler un livre choc. Il rappelle un peu Les bons vins et les autres de Pierre-Marie Dutrelant (Le Seuil 1976).
 
Les titres des chapitres sont bien évocateurs: La face caché du système; le scandale du classement; Vino-China; La longue marche des bannis de Pomerol; Petits arrangements entre seigneurs…
 
Au sujet des grands vins de Bordeaux «Des crus destinés à ne pas être bus, mais thésaurisés pour mieux boursicoter.»
 
Mme Saporta a rencontré ceux qui font le vin (la pluie et le beau temps) dans ce monde du vin; Jean-Luc Thunevin; Michel Rolland, Hubert de Boüard; Stéphane Derenoncourt, Pascal Chatonnet et bien d’autres…
 
Au sujet de l’INAO: «Ou comment élevé le conflit d’intérêts au rang de chef-d’oeuvre» et «On a laissé les commandes du navire à ceux-là mêmes qu’il était censé diriger.» «Les Français ont somme toute une conception très monarchique de la république.»
 
La question des pesticides: c’est l’omerta, l’impunité, les cachotteries. On ne met pas de limite. C’est une épée de Damoclès au-dessus des têtes des grands barons du vin. Un jour, ça va éclater, il y aura un accident, un scandale.
 
Les journalistes aussi sont égratignés par Mme Saporta. Certains sont qualifiés de courtisans; d’autres qui font salon, ont des relations d’affaires avec les producteurs. Ils reçoivent de l’argent de ceux dont ils doivent critiquer les vins!
 
La Champagne passe aussi au cash! On adopte des lois sur les pesticides, mais les élus donnent des dérogations fréquentes. Les Chinois aussi y goûtent. Ils achètent des domaines, ne vendent le vin de ces domaines qu’en Chine, mais dilué et décuplé avec du vin argentin!
 
C’est Clochemerle en Bordelais, en Bourgogne et en Champagne.
 
Un livre captivant qui nous change des propos lénifiants qu’on lit trop souvent au sujet de ce monde du commerce du vin.
 
Un monde qui nous apparaît ainsi plus réel, plus humain et finalement beaucoup plus intéressant aussi.
 
C’est à lire…
 
Vino Business
Isabelle Saporta, Éditions Albin Michel, 254 pages
ISBN : 9782226254795
35,95 $  19 €
Un extrait du livre 

 
Des entrevues vidéos avec Isabelle Saporta