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Mont-Redon, la recherche de la pureté du fruit

Accroissement constant de la qualité!
Quand vous pensez que c’est bon, on peut encore faire mieux. C’est ce que semble se dire Jean Abeille. Ce vigneron de Chateauneuf du pape n’est jamais à court d’idées. Son cerveau travaille constamment, même la nuit à trouver des moyens d’améliorer son vin.
Régulièrement, il apporte des améliorations à son domaine Mont Redon.

Lors de notre dernière visite à son domaine, il nous a montré la dernière trieuse qu’il a fait installer. Hi tech et automatique. Un petit cerveau d’optique. Habituellement, les vignerons font le tri à la main sur une table de tri. Là inlassablement, plusieurs mains s’appliquent à enlever les feuilles, bibites, raisins non murs ou trop murs, branches et autres matières non désirables récoltées lors de la vendange.

Ça va vite, il en passe tout de même. Même lorsque la récolte est manuelle, la maturité des raisins est variable, même sur une grappe. Comment juger d’un coup  d’oeil rapide de la maturité d’un raisin parmi plusieurs centaines d’autres devant vous sur cette table de trie.

Le bon raisin
Alors interviennent la machine, la caméra et l’ordinateur de la nouvelle trieuse X Tri. Ça ressemble à une grande boite en métal, les raisins arrivent à gauche et sorte à droite. Au milieu, il y a un écran tactile.

Après éraflage, on y envoie une certaine quantité de raisins, on arrête la machine et là un opérateur indique sur l’écran toutes les matières indésirables. En touchant sur l’écran les images de débris, de raisins pas murs, trop murs ou pourris.

L’ordinateur enregistre tout ça, et sait ainsi quoi ne pas laisser passer. Puis, on redémarre la machine qui envoie les raisins indésirés dans une direction et projette les bons raisins vers l’étape suivante. Les produits indésirables sont éliminés par des buses d’air.

Ainsi, nous dit Jean Abeille «on ne retient que des raisins parfaitement sains. Il suffit de quelques raisins pourris pour diminuer grandement la qualité des vins.» M. Abeille cherche la pureté dans son vin.

«Au niveau de la trieuse, nous l’avons en fonctionnement depuis la récolte 2010.  L’avantage est de trier la récolte grain par grain et non à la grappe. On est donc certain que tout ce qui est amené à la cave est de qualité irréprochable, supprimant tout ce qui est indésirable; botrytis, grains immatures, parties vertes et corps étrangers.»

Préserver la fraîcheur
Ce n’est pas tout. Le raisin peut avoir chaud. La fraîcheur des raisins n’est pas un vain mot.
Un peu plus loin, nous voyons un immense tuyau, très long et un peu bizarre. Qu’est ce que c’est? Un réfrigérant, nous dit Jean Abeille «y a quelques années à peine, la récolte se déroulait du 18 au 20 septembre.

Nous rentrions des raisins de 15 à 18° de température. Aujourd’hui, les vendanges commencent le 25 août, les températures d’entrée sont de 25 à 30 degrés.» Le raisin est  trop chaud ce qui élève les risques d’oxydation.

Alors «nous avons en effet monté un réfrigérant dans lequel passe la vendange après éraflage et triage; où nous pouvons obtenir un delta de température de plus 15° en 10 minutes.» La longueur de l’appareil a été calculée en fonction du nombre de frigories nécessaires:  «dans notre cas le réfrigérant fait 60 mètres de long.» Au bout du tuyau, le raisin tombe à 15 degrés.

Un tunnel de fraîcheur
Ce n’est pas tout. Il faut après que le vin soit maintenu à ces températures fraiches pendant la maturation en cave. Jean Abeille, écolo et économe à trouver une solution efficace, écologique et économe, comme il se doit,  pour maintenir sa nouvelle cave à bonne température.
En fait, ça lui a couté beaucoup de coups de pelle, à lui, à ses fils et à son neveu.

Dans sa cave, à huit mètres sous terre, il y avait une source d’eau que son grand-père avait creusée pour ses besoins en eau, un petit tunnel de 5 mètres, un ruisseau souterrain. Jean se réveille un bon matin avec «une idée de génie».  «Pas encore une idée pour nous faire travailler bien fort»  aurait dit l’un de ses fils. Eh oui, rallonger le tunnel de 20 mètres.

Au final, il a maintenant une hauteur maximale de 3,50 m, la profondeur de l’eau qui y circule est de 0,50 à 1 mètre et la température de l’eau est quasi constante à 13-14 degrés. Cette masse d’eau et l’air frais qu’elle génère rafraichit sa cave où mature ses fûts et ses milliers de bouteilles.

 

En parlant de bouteilles, Mont Redon a abandonné les bouchons de liège Amorim qu’il jugeait de qualité trop irrégulière.

Écolo
Écolo,  je vous ai dit. Oui, le domaine envoie tous ses résidus liquides dans une sorte de piscine creusée en contrebas du domaine où poussent des roseaux qui filtrent continuellement les eaux usées. Une station d’épuration naturelle!

Bio en plus? Jean n’y croit pas. «Trop de cuivre». Il travaille plutôt en culture raisonnée.

Qu’elle sera sa prochaine idée?
Tout cela semble bien efficace puisqu’il se dégage une grande fraîcheur, une grande pureté et une belle précision de fruit dans les vins des familles Abeille et Fabre.  C’est ce qui nous a permis de constater la dégustation qui a suivi cette visite en cave.

Château Mont-Redon
C’est 160 hectares en Chateauneuf du pape, dont 100 en production ce qui donne 350 000 bouteilles.
35 ha en Côtes du Rhône; 27 en production: 150 000 bouteilles
23 ha à Lirac, dont 18 en production: 70 000 bouteilles.

En plus, il y a les blancs pour 100 000 bouteilles dans les trois appellations.
Les rendements sont de 45 h/ha en Côtes du Rhône, mais seulement 36 en Lirac et 30 en Chateauneuf.
On y cultive les treize cépages autorisés.

Le style de la maison

Grâce aux types de fermentation classique par pigeage après foulage et éraflage intégraux qui sont pratiqués, nous cherchons à élaborer des vins tanniques et structurés, supportant très bien une longue garde.

Par le mélange judicieux des treize cépages qui existent à MONT-REDON, nous souhaitons réaliser une palette et une complexité aromatique qui apportent, en sus de la structure, des arômes de fruits rouges qui se transforment au bout de 4 à 5 ans en vieux cuir, zan, réglisse, pour évoluer vers 10 à 12 ans sur de la mousse, champignons, terre mouillée.»

Les vins
Le domaine produit un chateauneuf du pape rouge; un chateauneuf blanc, un lirac rouge, un lirac blanc; un côte-du-Rhône rouge et un blanc.

De plus, Jean et son équipe produisent du rosé sur un domaine de Provence appartenant à la famille depuis quatre générations: le Château Riotor. C’est 50 hectares de vignes de grenache, de cinsault et de syrah.

Nous avons déjà eu ce rosé à la SAQ en 2012.  Il était très bon. Il s’est bien vendu selon Jean, «mais ils (SAQ) ne m’en pas recommandé! Je ne sais pas pourquoi», dit-il déçu. Un autre des mystères de notre beau monopole! Le Riotor 2014, goûté sur place est d’un fruité ample, savoureux et bien persistant. Le blanc de Riotor 2014, fait de rôle (vermentino), est frais, vif, floral et légèrement salé.

En résumé, Mont Redon est un beau domaine à visiter (sur rendez-vous); des vins délicieux sur trois appellations. On comprend le succès de ces vins auprès des Québécois.

Il y a trois vins de cette maison présentement à la SAQ: Chateauneuf du pape 2010 (42,75 $); Lirac rouge 2013 (23,20 $) et Lirac Blanc 2013 (23,05 $).

Voir Un chateauneuf non parkerisé

Voir une vidéo du fonctionnement de la trieuse X-Tri.

Voir le site de la maison  www.chateaumontredon.com